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3ème session d'action :
Pistes d'actions et mobilisation des décideurs et responsables politiques
Créativité => Solidarité => Innovation => Action => Egalité
Gwenaëlle Grovonius
Députée fédérale à la Chambre des Représentants; Conseillère communale à Namur
Extraits
Merci pour cette invitation. Comme députée fédérale, je souhaite vous parler d'une situation qui me tient particulièrement à cœur et sur laquelle je travaille ardemment au niveau du Parlement fédéral. Je suis membre de la Commission des Relations extérieures. L'une des questions sur lesquelles je travaille, c'est la question des violences sexuelles faites aux femmes dans le cadre des conflits et comme arme de guerre et donc crimes contre l'humanité.
Je souhaite aborder avec vous la situation particulière dans la région du Kivu en République démocratique du Congo, dont certains d'entre vous ont déjà entendu parler puisque que cette situation est largement médiatisée autant que décriée. Vous savez aussi que le docteur Denis Mukwege, Prix Sakharov 2014, est candidat au Prix Nobel de la Paix, est l'un des acteurs qui combat ardemment cette problématique et j'ai envie de le citer :
"Beaucoup d'hommes ont l'impression que le viol n'est qu'un rapport sexuel non souhaité. Mais ce n'est pas ça. C'est une destruction. Et cela fait 16 ans que cela dure au Congo, 16 ans de destruction de plus de 500.000 femmes, 16 ans de destruction de toute une société, et cela ne fait que croître" (Le Monde, 27.11.2012). Nous sommes le 25 avril 2015, la situation est loin de s'être améliorée malheureusement et ça nécessite encore davantage que nous soyons vigilantes, en tant que citoyennes et citoyens, mais aussi que, en tant que parlementaires, nous continuions à interpeller nos gouvernements et à intervenir sur cette question.
Au niveau des ONG, vous avez par exemple un web documentaire de solidarité socialiste que je vous conseille de voir sur cette question: http://webdoc.solsoc.be/femmesdukivu/. Les ONG travaillent sur cette question, les agences des Nations Unies aussi, des résolutions existent, mais les choses ne changent pas suffisamment et les constats restent alarmants. J'ai envie d'en pointer quelques-uns.
Le premier que je voudrais partager avec vous, c'est que, malheureusement, on a le sentiment que le patriarcat dominant au Congo continue d'empêcher les femmes et leurs enfants de réintégrer la société et que nombreuses sont celles qui vont quitter leur village pour survivre, lorsqu'elles ont connu des situations de violences sexuelles et qu'elles se retrouvent alors livrées à elles-mêmes dans des villes. Elles vivent de petits commerces, de petites affaires et du soutien des associations et elles se retrouvent complètement démunies dans cette situation.
Deuxième constant important à souligner en lien avec cette situation de violences sexuelles, c'est que les enfants qui sont nés de ces viols sont souvent considérés comme un danger pour l'avenir parce que, pour la majorité, ils ne sont tout simplement pas déclarés au Congo, ils n'ont donc pas de nationalité. Certains, du coup, vivent avec les milices, abandonnés dans les forêts, laissés pour compte, sans prise en charge éducative évidemment. Certains ont plus de chance, ils restent avec leur mère qui a subi ces violences, mais ils sont considérés comme des "enfants serpents" et sont complètement bannis par les autres. La question qu'on peut se poser dans ce cas-là c'est quel est l'avenir de ces enfants ? C'est une bombe à retardement laissée là. Ces enfants sont sans repère. On doit avoir une attention toute particulière par rapport à cette question.
Un autre constat que j'ai envie de mettre en évidence c'est la banalisation de ces viols. Ils sont reconnus comme une arme de guerre quand c'est perpétré dans le cadre de conflits, mais le viol reste cependant, dans la majorité des cas, impuni. La loi congolaise permet aux victimes de poursuivre les bourreaux devant les tribunaux, mais que se passe-t-il en réalité: pour la plupart, soit elles ont honte et se cachent, donc elles ne portent pas plainte, soit, même si le procès a lieu dans le meilleur des cas, la peine n'est souvent pas appliquée.
L'impunité reste un fléau majeur au Congo face à cette problématique, ce qui permet évidemment aux hommes qui sont les auteurs de tels faits de pouvoir continuer à agir en toute impunité et leur permet de croire qu'ils sont autorisés à utiliser les femmes comme bon leur semble et à avoir des relations sexuelles non consenties quand ils en ont envie sans que cela ne puise avoir de conséquence pour eux.
J'en viens donc à mes engagements comme députée fédérale. J'ai pris un exemple parce que je voulais être concrète par rapport à la discussion que nous avons aujourd'hui mais, malheureusement, dans beaucoup de conflits, de pays ou de régions, cette problématique reste trop d'actualité, avec ce sentiment d'impunité généralisée. Comme engagement de députée fédérale, il importe de continuer à dénoncer ces agissements, à mettre la lumière et attirer l'attention de chacun sur ces événements tout à fait dramatiques. Nous devons continuer à être vigilants par rapport à notre gouvernement également, à interroger nos ministres, à savoir quelles sont les actions entreprises par notre gouvernement, par nos ministres, par notre ministre des Relations étrangères lorsqu'il va sur place, par notre ministre de la Coopération au développement, pour nous assurer que il y a une réelle prise de conscience et que des actions sont entreprises dans ce cadre.
E, surtout, nous devons continuer à les harceler pour que la Belgique s'investisse de manière très active dans la lutte contre l'impunité. Mon engagement à moi c'est de rester très impliquée sur ces questions, de continuer à surveiller l'action de notre gouvernement et de nos ministres, à les interroger.
De manière plus générale, nous devons faire en sorte que la question du genre et du droit des femmes soient mis en lumière par tous les moyens qui sont à ma disposition, et constituent une question sur laquelle on continue à obtenir des avancées jour après jour pour faire en sorte que, au niveau belge et au niveau international, nous puissions avoir de réelles avancées dans les prochaines années. C'est ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
> Vidéo
Photos : Julien Destatte (c) Millennia2025 Women and Innovation Foundation
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