> Millennia2025 Solidaty-Women

Concrete action and international conference, University of Namur

Millennia2025 Women and Innovation Foundation + The Destree Institute

 

> 05. Proceedings

3ème session d'action :

Pistes d'actions et mobilisation des décideurs et responsables politiques

Créativité => Solidarité => Innovation => Action => Egalité

 

Hélène Ryckmans

Députée wallonne, députée à la fédération Wallonie-Bruxelles, Sénatrice, Chastre

Extraits 

 

Merci à Millennia, merci Marie-Anne pour cette introduction. C'est l'heure difficile, car c'est l'heure de la digestion, donc je vais devoir vous maintenir en éveil et je vais essayer de le faire de la manière la plus simple possible, en parlant aussi de mon expérience et de mon parcours, en tant que femme récemment élue en politique, après un parcours associatif de 25 ans dans le monde du développement, le monde de la coopération et de l'égalité des genres puisque je travaillais au Monde selon les Femmes, et que j'ai été pendant 10 ans présidente de la Commission Femmes et Développement. 

 

J'ai intitulé mon introduction sur "Faire avancer l'égalité de genres par l'action politique", c'est un défi à relever ensemble. Je vais m'expliquer. On est amené à prendre des actions et il me semble important ici et maintenant comme acteurs de la société civile, mais aussi comme politique, d'agir, de s'engager résolument pour agir en approfondissant les solidarités dans un contexte dur, de plus en plus violent, dans un contexte qui est fait de plus en plus de mécanismes d'exclusion, et je pense à ces exclusions des femmes en particulier, mais autant en Belgique qu'entre le Nord et le Sud. Un contexte dans lequel les inégalités s'accroissent, tout le monde s'entend à le reconnaître. Les inégalités des richesses n'ont jamais été aussi grandes entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres à l'intérieur même de chacun des pays. C'est ce déficit, cet écart entre les plus nantis et les moins nantis qui est le défi majeur à relever pour l'ensemble de nos sociétés.  

On a des actions à prendre pour s'opposer aux reculs sociaux dans les politiques d'emploi, les politiques d'éducation, dans nos politiques sociales. L'école ne joue plus son rôle d'ascenseur social. C'est un outil et un instrument fondamental pour l'émancipation des individus et en particulier les filles. Et, en même temps, nous voyons que nous laissons, en Belgique comme ailleurs, un nombre impressionnant de jeunes au bord de la route. Une proportion de garçons et de filles qui n'aboutissent pas dans leur parcours scolaire.

 

Nous nous engageons et nous avons des obligations par rapport à la prise en charge des enfants, alors que nous constatons aussi une pauvreté infantile, on l'a examinée tout à l'heure, une pauvreté infantile qui reste particulièrement interpellante. Nous avons donc à prendre des actions et il me semble fondamental de pouvoir prendre ces décisions en restant bien en relais avec les associations. Je ne peux, moi, agir, en tant que femme politique engagée comme force propositionnelle sans les réseaux et sans la force du collectif. J'ai appris cela, la force des réseaux et en particulier des réseaux de femmes, je l'ai appris évidemment dans mon parcours précédent. 

 

Comment prendre ces actions et avancer sur l'égalité, autour de la créativité, des solidarités et des innovations ? Je vais reprendre ces trois thèmes qui sont ceux de la journée d'aujourd'hui. 

 

Créativité d'abord : je pense qu'il faut être persistantes. Il faut pouvoir approfondir les politiques publiques en matière d'égalité entre les femmes et les hommes. Il faut avoir un horizon. Il faut se dire l'objectif c'est l'égalité entre chacun des individus et réduire les inégalités, les femmes et les hommes dans la société. Mais il faut connaître aussi ses racines, avoir l'horizon en perspective. Connaître ses racines, c'est notamment l'histoire : l'histoire des combats sociaux, l'histoire du féminisme, et l'histoire notamment de Pékin 1995, qui était déjà la troisième conférence pour les femmes, voici 20 ans maintenant. Cette rencontre de Pékin a effectivement été très marquante, pour moi démarrant dans ces instances politiques, de plaidoyers politiques finalement mais, comme l'a dit Marie-Anne, c'est un document, et le rapport de la Plateforme d'action de Pékin (http://beijing20.unwomen.org/fr/about) reste un document tout à fait d'actualité. On l'a bien vu, 20 ans plus tard, c'est ce document-là qui nous reste comme ligne de mire pour rappeler l'importance d'agir de manière complémentaire entre les politiques, la société civile et les organisations internationales. 

 

Je pense aussi qu'il faut être persistantes pour aller au delà de ce vernis "genre" dont on pare maintenant l'ensemble des politiques. Quand on dit, en politique, en Région wallonne ou à la Communauté française ou au Fédéral qu'il faut avancer avec une approche de gender mainstreaming, on doit faire de l'égalité transversalement, il faut aller au delà de ce slogan et vraiment renforcer la formation des administrations, la formation de tous les élus, la formation des décideurs pour qu'ils sachent de quoi ils s'agit, et qu'ils ne puissent pas dire que les questions d'égalité sont bien prises en charge ou dire qu'ils ne savent pas comment faire. Vingt ans après Pékin, on n'est plus à ce niveau-là, il faut donc rappeler l'importance de cette formation et de cette sensibilisation permanente.  

 

Deuxième axe : la solidarité, les solidarités. Dans un monde de plus en plus inégalitaire, un monde de pouvoir acharné et de lutte de pouvoirs, il faut oser construire les solidarités. Entre le Nord et le Sud, c'est mon parcours tiers-mondiste qui le dit, mais nous sommes dans une planète unique, avec les mêmes enjeux, nous sommes dans le même bateau. Nous sommes confrontés à des urgences et le Parti dans lequel je suis (Ecolo) met en évidence ces enjeux climatiques, les enjeux de l'environnement qui sont vraiment très prégnants et qui ont des conséquences particulièrement graves pour les femmes. Il faut pouvoir construire cette solidarité dans un monde ensemble, dans un monde de justice et dans un monde de paix parce que, là aussi, nous sommes confrontés à la montée des violences. Construire les solidarités entre les femmes et les hommes, mais je ne dirais pas tous les hommes et toutes les femmes. Moi je demande des hommes pro-féministes, parce que se dire qu'on va travailler avec les hommes et se retrouver dans des relations de pouvoir, dans lesquelles les hommes soit ne savent pas de quoi il s'agit, soit reprennent l'emprise sur nos vies même dans le monde politique, on doit y être attentives. Construire les solidarités dans les intelligences citoyennes. Je trouve intéressant et important de développer des intelligences collectives mais qu'on les fasse devenir citoyennes aussi. Et il faut le faire au delà des enjeux des partis politiques. Je prendrai quelques exemples, pour montrer que, dans les questions d'égalité entre les femmes et les hommes, on arrive très souvent à transcender les problèmes ou les point de vue et positions de chacun des partis politiques et c'est une grande richesse de la mobilisation féministe, c'est de réussir à dépasser ces enjeux de partis politiques. 

 

Exemples : la Constitution a été modifiée, en quelle année pensez-vous, pour inscrire le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes ? En Belgique, cela a été inscrit en 2002, pas avant. Ce principe de l'égalité a été reconnu et est passé grâce à une mobilisation collective des femmes. La mise en place du Fonds de sécurité alimentaire, c'est aussi une revendication, une mobilisation des mouvements de femmes. Et pour l'instant, il me semble que nous sommes à la croisée des chemins pour une mobilisation très forte et un engagement de plus en plus fort, dans le concret, autour des violences faites aux femmes. Nous sommes maintenant dans un momentum où cette question des violences, de la prise en charge des violences, de la lutte contre l'impunité, avec surtout la volonté de faire passer le message du NON à la violence, c'est un enjeu actuel. 

 

Dernier axe, les innovations : innovation du travail politique. Quand on n'est pas dans l'exécutif en politique, le levier est dans le gouvernement, entre les mains du gouvernement ou du Collège communal si on se situe au niveau local. Un rôle de parlementaire, c'est un rôle d'initiative, de contrôle de l'action du gouvernement. Ca veut dire aussi un rôle ou l'on va rappeler au politique la redevabilité qu'il a par rapport au citoyen. Ce travail, on ne peut le faire qu'avec les réseaux associatifs, parce que cette redevabilité, en tant que parlementaire, je peux me faire le relais de ce que les associations me disent et épinglent comme difficulté concrète sur le terrain, par exemple pour mobiliser les moyens nécessaires pour travailler sur le terrain, la mobilisation de leur capacité de travail, et moi je peux le faire en tant que parlementaire, rappeler cette responsabilité aux politiques, aux décideurs, à ceux qui ont les leviers du gouvernement. Dernier exemple que je voudrais présenter, c'est que, au Sénat - notre nouveau Sénat en Belgique -, nous avons réalisé un rapport sur l'état de la situation en Belgique 20 ans après Pékin. Ce rapport, on l'a fait tous partis confondus et associés, à l'unanimité. On a mis le doigt sur les avancées qui ont déjà eu lieu en Belgique mais aussi tous les endroits où nous avons encore à avancer et nous avons à apprendre de l'autre communauté, de l'autre région. C'était particulièrement fécond cet échange entre Communauté flamande, Région bruxelloise, Communauté germanophone et Région wallonne,  pour se dire voilà comment nous pouvons tirer parti de os expériences réciproques et avancer encore pour mettre le doigt là où, grâce à la mobilisation citoyenne, on doit pouvoir avancer. Je vous remercie.

 

> Vidéo

Photos : Julien Destatte (c) Millennia2025 Women and Innovation Foundation

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