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Concrete action and international conference, University of Namur
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> 05. Proceedings
1ère session d'action :
Femmes en lutte contre la pauvreté et les associations qui les représentent
Créativité => Solidarité => Innovation => Action => Egalité
Paule Scutenaire et Christine Gonay
Union des Agricultrices wallonnes, Fédération wallonne de l'Agriculture, Gembloux
Extraits
Paule Scutenaire
Pour nous la précarité n'est pas seulement dans le domaine financier, c'est une forte incertitude, une situation où on n'est pas assuré de conserver son emploi, son exploitation agricole, son outil de travail, son agrément par rapport à des normes et de là, son revenu. Nous sommes un groupe de personnes qui partageons des opinions, des valeurs. Ces valeurs du Groupe de soutien aux agriculteurs en difficulté, sont le respect, la solidarité, l'accueil sans préjugé, la confiance dans l'autre à pouvoir se sortir de cette situation difficile, la confidentialité. Nous avons besoin, en tant que bénévoles, de partager ces valeurs, c'est notre ciment. Elles s'inscrivent dans l'ensemble des missions de l'Union des Agricultrices wallonnes, dont Christine Gonay est la vice-présidente.
La précarité en agriculture couvre aussi des difficultés de parcours de vie, de l'isolement, de la solitude, du manque de reconnaissance de la société et parfois même dans la cellule familiale, de l'estime de soi. La précarité en agriculture trouve notamment ses racines dans une administration de plus en plus prégnante, voire excessive : exigences normatives de plus en plus élevées, mise aux normes des installations, contrôles fréquents et ce côté incertitudes : est-ce que, quand l'AFSCA va passer, j'aurai bien tout mis dans les normes comme il faut ? D'où ce sentiment de précarité.
Et aussi une charge de travail de plus en plus lourde, souvent due à l'agrandissement de l'exploitation pour essayer de réaliser des économies d'échelle. Des situations s'installent donc insidieusement et mettent en péril l'outil de travail, la pérennité de l'exploitation. Le Groupe des agricultrices qui soutiennent les agriculteurs en difficulté a près de quinze ans d'âge. Il est composé d'agricultrices qui ont toutes une exploitation et s'investissent dans l'aide des pairs en difficulté. Elles sont des relais d'écoute, d'aide, pas financière mais émanant de la profession elle-même et c'est important parce que le monde agricole vit traditionnellement sur un mode individualiste.
Ce n'est pas facile car la précarité reste un tabou dans le monde agricole. Les agricultrices bénévoles ont travaillé sur leurs a priori, leurs préjugés : la précarité, ce n'est pas l'affaire de fainéants, ni de mal organisés, ni de "il n'y a qu'à" : cela peut nous arriver à tous. Les agricultrices s'organisent avec la Fédération wallonne de l'agriculture (http://www.fwa.be/). Parler avec des gens du métier permet aux agricultrice-teur-s en difficulté de réduire le repli sur soi, la désocialisation, la coupure d'un réseau possible de ressources ou de soutien et donc de se retrouver dans une grande détresse. Les visites d'aide permettent le dialogue sans jugement avec des personnes du métier qui ont connu un vécu similaire. Il faut alors faire face à l'abandon de toute gestion administrative, souvent dédiée aux agricultrices dans l'exploitation, en reconstruisant une autonomie, voire une méthodologie, un nouveau regard sur la gestion et l'organisation du temps de travail mais surtout la mise en contact avec des personnes ressources (juristes, comptables, assistantes sociales, psychologues). Les agricultrices bénévoles complètent leur formation pour faire réussir ces démarches complexes.
Christine Gonay
L'impact des décisions prises par les politiques et la Politique agricole commune (PAC) concerne aussi bien les hommes que les femmes. Par contre, indirectement, elles auront un effet sur les femmes : on se rend compte que ces décisions politiques ont un impact sur le revenu puisque, avec les nouvelles réformes, on connaît la volatilité des prix. De ce fait-là, le revenu n'est plus certain dans l'exploitation et la femme quitte l'exploitation, pour aller chercher un revenu ailleurs, par choix. D'autre part, les politiques ont insisté sur la diversification en ferme. Les personnes qui choisissent cette solution doivent être bien conscientes du fait que cela amène un travail et des connaissances en plus pour produire, transformer et commercialiser : ce ne sont pas les mêmes métiers. Cela peut amener des revenus supplémentaires mais d'autre part une perte sociale.
Notre combat au sein de l'Union des Agricultrices wallonnes a été d'obtenir la cotitularité : nous avons des droits administratifs, comme les quotas laitiers, qui sont un droit de production, ou les droits à des primes : tout cela était au nom de monsieur car c'est son nom qui figure sur la carte d'identité de l'exploitation. Monsieur pouvait donc très bien vendre ses droits sans mettre madame au courant. Ce n'est plus le cas désormais puisque la femme est d'office cotitulaire des droits. C'est une grande victoire en Région wallonne puisque nous sommes les seules dans toute l'Europe à avoir ce droit-là. Surtout que c'est souvent la dame qui a la responsabilité de la traite, c'est donc son outil de travail qui pouvait lui être enlevé. Les agricultrices ont aussi obtenu le statut complet du conjoint aidant, égal maintenant à celui de l'indépendant, qui pourrait évoluer vers le statut d'entrepreneur.
> Vidéo
Photos : Julien Destatte (c) Millennia2025 Women and Innovation Foundation
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